LE « BANTA WORO » SOURCE D’EXISTENCE DU VILLAGE D’ABENE

Un grand fromager symbolisant la création du village d’Abéné où règnent la paix et la prospérité. Un site touristique touché par la pandémie.

Abéné, un des lieux touristiques incontournables pour les nombreux visiteurs de la région de Ziguinchor. Rattaché à la circonscription de la commune rurale de Kafountine, ce village d’environ 5000 âmes est habité en majorité par des mandingues,  des diolas de la communauté Karone, des peuls entre autres. Abéné, c’est ses plages et ses arbres gigantesques : Une nature sublime et attrayante pour les milliers de touristes qui convergent en Casamance. La création de ce village est circonscrite à la quête d’une cohabitation pacifique de  six familles.  Elles vivaient ici et là. Dans un contexte marqué par des affrontements entre groupes tribaux, fédérer les forces constitue le moyen le plus sûr de résister à d’éventuelles attaques. La croyance animiste étant la source de foi, « les familles  consultent, chacune en ce qui la concerne, un fétiche par rapport à la possibilité ou non de  cohabitation», explique Mamadou Conta, Coordonnateur des campements du département de Bignona. Il ajoute : « Les fétiches indiquent un endroit et instruisent les six  responsables d’hameaux  d’y planter chacun un fromager». Le développement des arbres en s’entrelaçant va plus tard confirmer que la cohésion et l’entente mutuelle des familles est possible. C’est ainsi qu’est né le  « Bantan woro » c’est-à-dire six fromagers en langue mandingue.

A côté de ces gigantesques végétaux, est creusé un vaste trou. C’est ici qu’est prélevé le sable devant bâtir toutes les maisons des six familles. Telle était la recommandation des fétiches.  Aujourd’hui, l’émergence des religions monothéistes a favorisé l’abandon de cette pratique.  Mais, le « Bantan woro » demeure le point de ralliement des veilles dames du village d’Abéné. Tous les vendredis et  lundis matin, elles se donnent rendez-vous sur le lieu, afin de formuler  des invocations pour souvent des épouses voire des époux en quête de procréation. En venant, ils apportent un seau d’eau auquel «nous rajoutons de l’eau de pluie recueillie à partir des cavités formées par les racines des six fromagers», détaille la sexagénaire, Alimata Sonko. « Si c’est pendant la saison sèche, nous pinçons une petite quantité de sable que nous mettons dans le récipient pour que la personne se lave avec ». Les femmes s’occupent de la propreté du lieu et bénéficient de la générosité des touristes. Mais, depuis l’avènement de la pandémie, les visiteurs étrangers y sont rares ; seuls les Sénégalais et les Gambiens y viennent  à la quête de délivrance.

Joachim Manga

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